André Borderie

1923-1998, 

France

André Borderie est un peintre, sculpteur et céramiste français ; aucun matériau ne lui résiste, il est de toutes les chapelles. Plaçant la dimension humaine au centre de sa pratique, ses rapports aux objets et à l’espace sont virtuoses. Protéiforme et inventif, son art émerge suite à la naissance de l’abstraction dans les années 1950.  

Borderie et Székely : une riche association 

Né en Gironde, son travail d’inspecteur adjoint aux télécommunications dans les P.T.T. le mène jusqu’à Vienne : alors qu’il envisageait déjà de se consacrer à la peinture sur les conseils de l’affichiste Paul Colin (1892-1985), c’est dans la capitale autrichienne que son destin va se sceller. Se rapprochant du milieu artistique foisonnant, il rencontrer le couple d’artistes hongrois Pierre (1923-2001) et Véra (1919-1994) Székely ainsi que sa future femme, Maria Gautier (née en 1923). Quittant sa première carrière en 1948, il se lance dans l’art. C’est à quatre que les artistes s’installent à Bures-sur-Yvette (France) et commencent à travailler ensemble pendant presque dix ans. Ils signent à huit mains peintures, céramiques, meubles et grands projets jusqu’en 1957 comme l’église Saint-Nicolas de Fossé en Ardenne (1954) et la piscine de Saint-Marcellin (1957-1958) peuvent en attester. Apothéose de leur collaboration, le Bateau Ivre, résidence construite en collaboration avec l’architecte Louis Babinet, est un condensé marquant de leur production commune, primordiale dans l’histoire de l’art. 

Un artiste protéiforme

En 1957, André et Maria Borderie partent s’installer à Senlis. La fin des années 1950 marque pour lui l’expansion de son territoire artistique.
Participant d’abord au renouveau de la tapisserie à la suite d’un Jean Lurçat (1892-1966), il travaille avec les prestigieuses manufactures d’Aubusson et des Gobelins, jusqu’à recevoir le Grand Prix National de la tapisserie française.
Il adhère également au groupe Espace, fondé par André Bloc (1896-1966) et Félix Del Marle (1889-1952), convaincu que l’art joue un rôle primordial dans la ville. Dans les années 1970, il réalise des œuvres monumentales dans l’espace urbain avec une pléiade de matériaux différents.
André Borderie travaille également la céramique tout au long de sa carrière : ce matériau va lui permettre de condenser toutes ses préoccupations sur l’espace et le quotidien. Il n’a jamais cherché à être un « vrai céramiste » pourtant, force est de constater que le lyrisme abstrait de son langage sied parfaitement à ce matériau : adepte de la terre chamottée, il refuse la perfection géométrique et lui préfère la poésie des formes simples. Il suit ainsi les mots de sa femme Maria qui disait qu’« un carré est un rond inquiet ». Jouant tant sur la diversité des textures que la richesse des couleurs, il excelle aussi bien dans les brillants que les mats, la rugosité que les craquelures et sa palette n’a peur ni des rouges profonds ni des gris bleutés. Gravés ou nus, ses objets sont toujours animés.

Des œuvres d’André Borderie émanent une intemporalité maitrisée et une créativité fluide : loin de se restreindre à un seul matériau, il est un maestro sur tous les fronts. Ses céramiques sont personnelles et transmettent son amour de la quotidienneté, des formes, des matières et des couleurs, les témoins de son savoir-faire unique. 

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